Origines au Rio de La Plata



Au fond de l’estuaire du Rio de la Plata, la confluence des fleuves Uruguay et Paraná projette un grand delta intérieur. Sur le bord sud du delta, une petite élévation domine de quelques dix ou vingt mètres les terres marécageuses, insalubres. Là haut on respire mieux, d’où le nom de Buen Aire, "Le Bon Air", très tôt donné par les Espagnols à ce lieu. Cette élévation est contournée au sud par un petit fleuve côtier : "El Riachuelo" qui la sépare des basses terres menacées d’inondation.

L’embouchure du Riachuelo, "La Boca", littéralement "La Bouche", offrit aux espagnols un mouillage commode, ils le nommèrent "Puerto de Santa Maria del Buen Aire". Ce fut bientôt le terminal de la route de l’argent qui partait de Potosí, dans les Andes. Ce transit de l’argent, pour être embarqué vers l’Espagne, a donné son nom à l’immense estuaire. Rio de la Plata, "Fleuve de l’Argent".

Aujourd’hui, le quartier du vieux port s’appelle encore La Boca, et, par ailleurs les habitants de Buenos Aires sont tous censés être des enfants du port, on les appelle "porteños", portegnes, tant la fonction portuaire a marqué l’existence de la ville pendant des siècles.

Les habitations du Buenos Aires primitif occupaient les versants méridionaux et orientaux du promontoire. De nos jours ces pentes douces sont occupées par le centre-ville, dont une des principales artères est la rue Corrientes. Au cours des grandes immigrations du XIXème siècle, la ville s’est peu à peu étendue, par ses faubourgs populaires du sud, jusqu’au Riachuelo enjambé par un pont : le "Puente Alsina" qui pour un certain temps a marqué la limite de l’agglomération et a donné son nom au quartier qui l’entoure. Alors que les quartiers résidentiels se sont étendus vers le nord.

En ces faubourgs du sud (el Sur), se construisirent de modestes habitations d’aspect semi-champêtre, des bâtiments à deux ou trois étages entourant une cour, ce sont les fameux "conventillos" littéralement "petits couvents". Les cours de ces "conventillos" ont été des lieux de rencontre, véritables marmites de melting-pot culturel. En effet, dans ces quartiers se rencontraient les descendants des esclaves noirs, les paysans et éleveurs gauchos venus de la Pampa, les immigrants européens récemment descendus des bateaux.

Dans cette ambiance est né le tango, musique, danse et chanson. Métissage du "candombe", musique et danse des noirs de Buenos Aires et de Montevideo ; de la "milonga" danse et chanson créole apportée par ceux qui venaient des campagnes proches vers les marchés de la grande ville ; et des danses en couples enlacés, venues d’Europe : valse, mazourka, polka, schottis…

De l’autre coté de l’estuaire, à Montevideo en Uruguay, des conditions semblables ont produit les mêmes effets. Les échanges entre les deux villes ont toujours été importants. Ainsi le tango est né simultanément de part et d’autre du Rio de la Plata.